
Mon expérience de la maladie dans un livre...
"5 ans de ma vie avec une MICI"
Aglaé Héraut
@AglaeHeraut
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Syndrome de l’intestin irritable : explications

Aglaé Héraut
Le syndrome de l’intestin irritable, autrefois appelé "colopathie fonctionnelle" ou "côlon irritable", est une pathologie difficile à diagnostiquer et à prendre en charge, mais quand vous aurez lu cet article, vous en saurez beaucoup plus sur les symptômes, ses causes, et les solutions thérapeutiques ! Les informations que vous trouverez dans cet article sont issues de revues scientifiques et d’une visioconférence donnée le 27/05/2019 par le Dr Mathurin Fumery, gastro-entérologue au CHU d’Amiens.
Le syndrome de l’intestin irritable est une pathologie qui touche 5 à 10 % de la population française (plus fréquent chez les femmes), et dont le diagnostic n’est pas toujours évident. Il peut être confondu avec une autre pathologie intestinale (MICI, maladie cœliaque, intolérance au lactose, cancer du côlon…), mais il faut savoir que le syndrome de l’intestin irritable est une maladie bénigne, dans le sens où elle n’est pas associée à une augmentation de la mortalité, ni à un risque accru de cancer du côlon ou de chirurgie. On ne trouve pas non plus de lésion macroscopique lors d’une endoscopie (la muqueuse est normale), ni d’anomalie significative lors d’une biopsie (il n’y a pas d’inflammation).
En revanche, le syndrome de l’intestin irritable altère profondément la qualité de vie des patients, d’autant qu’il peut être associé à un syndrome de fatigue chronique, à une fibromyalgie, ou à une dyspepsie (inconfort digestif apparaissant après les repas). Ce syndrome de l’intestin irritable se caractérise par des douleurs abdominales chroniques (depuis plus de six mois et au moins un jour par semaine) qui évoluent de façon intermittente, et qui s’accompagnent d’une modification de la fréquence et de la consistance des selles. Il peut prendre plusieurs formes, avec la prédominance de la diarrhée ou bien de la constipation, ou encore des douleurs à type de crampes. 😵😰🥴
Ce syndrome était autrefois appelé « colopathie fonctionnelle », mais cette dénomination est aujourd’hui dépassée. D’une part parce que cette pathologie ne touche pas que le côlon : l’intestin grêle est aussi concerné. Et d’autre part parce que ce n’est pas purement fonctionnel, car il y a des anomalies à plusieurs niveaux. En effet, on constate chez ces patients que la contraction et le relâchement musculaire de la paroi de l’intestin grêle (et un peu du côlon) est trop lente ou trop rapide, surtout après les repas. Un passage des aliments trop lent favorise la constipation, tandis qu’un passage trop rapide engendre de la diarrhée.
On constate également une augmentation de la perméabilité intestinale, une anomalie du système immunitaire, une anomalie du microbiote, une hypersensibilité viscérale favorisée par le stress mais qui disparaît lors du sommeil (le malade n’est pas réveillé la nuit par ses symptômes digestifs), et des facteurs psychologiques associés comme des troubles de l’humeur. En effet, il ne faut pas oublier la relation directe entre le cerveau et l’intestin, avec le système nerveux autonome qui sécrète des médiateurs chimiques au niveau du tube digestif, influençant tous ces facteurs. L’étude d’imageries cérébrales a notamment permis de supposer un défaut d’intégration des données sensitives en provenance du tube digestif au niveau du cerveau chez ces patients, expliquant leur hypersensibilité intestinale. Ainsi, pour une même stimulation, le seuil de tolérance à la douleur au niveau de l’intestin chez ces patients est plus faible que celui de la population générale.
Bien que la guérison soit difficile à atteindre, l’objectif thérapeutique est de diminuer les symptômes et d’améliorer la qualité de vie. Pour cela, la prise en charge doit être pluridisciplinaire (gastro-entérologue, médecin traitant, diététicienne, psychologue, associations de patients). Notons qu’on remarque un effet placebo important dans les études médicamenteuses pour cette pathologie. 💊✅ Du point de vue médicamenteux, on peut prendre des antispasmodiques (spasfon, météospasmyl, pinavérium). Dans le syndrome de l’intestin irritable à prédominance de constipation, on peut utiliser des laxatifs, et quand la diarrhée prédomine, on peut prendre des ralentisseurs de transit. Quant aux ballonnements, il existe des médicaments à base de charbon.
Le psyllium est un régulateur de la fonction intestinale à base de fibres qui peut être efficace. Le curcuma, en revanche, n’apporte rien. Les probiotiques peuvent être une aide car certaines souches ont montré leur efficacité sur l’intestin irritable, mais ce n’est pas le cas de toutes les souches disponibles en pharmacie, alors renseignez-vous auprès d’un spécialiste afin d’obtenir les souches adaptées à votre cas. Petite parenthèse également, n’oubliez pas que les probiotiques sont des micro-organismes, et qu’il faut les ingérer vivants pour qu’ils soient efficaces ! Évitez donc de les prendre avec une boisson chaude par exemple…
Le cannabis, très à la mode en ce moment, peut améliorer les symptômes digestifs mais ne traite pas la cause des pathologies intestinales. Des études sont actuellement en cours, et notamment pour la maladie de Crohn. Elles montrent une amélioration des symptômes (diminution des diarrhées et des douleurs), mais l’inflammation reste bien présente quand on vérifie l’état de la muqueuse lors d’une endoscopie. De plus, les effets secondaires du cannabis, notamment psychologiques, n’épargnent pas les patients (dépression, anxiété, isolement social). Restez donc prudents !
Du côté de l’alimentation, des études japonaises ont montré que le jeûne améliorait les symptômes, mais ce n’est clairement pas une solution. Souvent, ce n’est pas un unique aliment qui est responsable des symptômes, et il faut éliminer une allergie alimentaire. Il est possible de mener des tests d’exclusion en éliminant le produit alimentaire qu’on pense être responsable des symptômes. Si au bout d’un mois, il n’y a pas d’amélioration nette des symptômes, il ne faut pas continuer.
On peut aussi proposer un régime pauvre en FODMAPs (fermentescibles, oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols), qui sont des sucres mal absorbés par l’intestin grêle et métabolisés par la flore intestinale. Les bactéries du microbiote consomment ces sucres pour produire de l’énergie, libérant des composés chimiques et gaz responsables des ballonnements et diarrhées. Ainsi, ce régime consiste à éviter ou à limiter la consommation de lactose, de fructose, des graisses et des aliments sources de gaz (riches en FODMAPs).
Il s'agit ensuite de les réintroduire progressivement afin de déterminer ceux qui engendrent le plus de symptômes digestifs, et qui seront à éviter au long cours. Toutefois, une étude suédoise a montré qu’un régime alimentaire équilibré encadré par une diététicienne était aussi efficace qu’un régime pauvre en FODMAPs, qui est par ailleurs très contraignant, et qui risque d'engendrer une carence nutritionnelle s'il n'est pas encadré par un professionnel de santé.
D’après mes recherches, il vaut mieux éviter tout ce qui est irritant pour l’intestin comme les épices, le café, l’alcool... Et tout ce qui contient des additifs et édulcorants comme le sorbitol (E420) présent dans les produits alimentaires comme les jus de fruits concentrés et autres boissons, les bonbons, les yahourts, les confitures… 🍺🥤❌ Évitez les matières grasses autant que possible (crème, fromages gras, beurre, mayonnaise, pâtisseries…) car elles stimulent trop les mouvements réflexes gastro-coliques de l’intestin. 🧁🍩 ❌ Mangez plutôt des aliments riches en protéines et pauvres en matière grasse comme la volaille (sans la peau), les poissons blancs, les fruits de mer, les œufs.
De même, il vaut mieux manger des légumes cuits qui contiennent des fibres solubles douces pour l’intestin et qui régulent le transit, plutôt que des légumes crus. Évitez aussi ceux qui fermentent (toute la famille des choux, les légumineuses comme les lentilles ou les pois chiches). 🥦🍅❌Privilégiez les céréales comme l’avoine, le seigle, l’orge, le riz, le millet et le quinoa, plutôt que les céréales complètes qui sont agressives pour l’intestin. Enfin, il vaut mieux éviter les fruits secs, et consommer les fruits frais à distance des repas si vous le pouvez, car cela permet de limiter les fermentations responsables des gaz !
Sachez par ailleurs qu’il n’y a pas d’indication à un régime sans gluten, car aucune étude n’a montré son efficacité dans le syndrome de l’intestin irritable. Il n’est valable que dans la maladie cœliaque. Certains patients décrivent une amélioration des symptômes, mais c’est sûrement parce qu’ils éliminent des FODMAPs avec le gluten lorsqu’ils font ce régime !
Il existe aussi des règles simples pour améliorer les symptômes :
- Faire trois repas par jour avec des quantités adaptées (ni trop, ni pas assez).
- Manger lentement dans une atmosphère calme, et mastiquer longuement afin de bien broyer les aliments.
- Répartir l’alimentation en fibres sur la journée (pas tout dans un même repas).
- Éviter les boissons gazeuses et/ou fermentées.
- Éviter de mâcher du chewing-gum.
- Pratiquer une activité physique. 🏋️♂️🤸🚴
En ce qui concerne les autres prises en charge, la transplantation fécale n’a à ce jour pas montré d’efficacité pour le syndrome de l’intestin irritable (les résultats ne sont pas significatifs non plus dans les études avec des patients qui ont une MICI), alors que cette méthode est révolutionnaire dans le traitement des infections récidivantes à Clostridium difficile. L’acupuncture peut aider mais son bénéfice n’a pas été montré dans les études, tandis que l’ostéopathie peut améliorer les douleurs abdominales.
Pour finir, des travaux ont démontré les bénéfices durables d’une psychothérapie pour atténuer les symptômes du syndrome de l’intestin irritable, que ce soit grâce à la thérapie classique ou cognitivo-comportementale, à l’hypnose ou encore la relaxation. 🧘🗣✅ En effet, ces thérapies permettraient de soulager les symptômes des patients en débloquant les nœuds mentaux associés aux symptômes physiques. À ce sujet, je suis Psychologue de la santé, et je consulte aussi en visio. Si vous en ressentez le besoin, vous pouvez me contacter : aglae.heraut@outlook.fr 🆘🤝
J’espère que cet article vous a plu et qu’il a répondu à vos questions. J’ai lu que 30 à 50 % des consultations chez le gastro-entérologue seraient dues à un syndrome de l’intestin irritable. Vous connaissez forcément des personnes qui sont touchées et qui seraient intéressées par cet article. Alors partagez-le sur les réseaux sociaux !! Et pour être averti des prochains articles à paraître, suivez-moi sur Facebook ou Instagram ! 😊