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MICI & sexualité

Aglaé Héraut

Le 14/02/2022. Et si on parlait de sexualité ? Cet article s'appuie sur mes connaissances en tant que psychologue sexologue diplômée d'Université et des informations issues de revues scientifiques fiables. Vous y trouverez des statistiques concernant les difficultés sexuelles chez les patients souffrant d’une MICI, vous apprendrez leurs causes, mais aussi les solutions qui existent. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur l….

Tout d'abord, retenez que la sexualité, c’est du jeu et que le seul but doit être le plaisir ! 🥰🥰 Ce n'est pas une performance, ça ne doit pas faire mal, ça ne doit pas être gênant et on ne doit jamais se forcer. Si vous n'avez pas d'envie sexuelle ou que vous manquez de réceptivité aux sollicitations de votre partenaire, ne culpabilisez pas ! La libido, ça va ça vient. Ça dépend des saisons, de la couleur du ciel, de votre humeur, des événements de vie... Quand on est stressé, fatigué, qu'on s'entend moins bien avec son partenaire ou qu'on a mal, il est tout à fait normal de ne pas avoir envie d'activité sexuelle ! D'ailleurs, pour désirer, il faut se sentir désirable. Et quand on a une maladie, qu’on n'est pas bien dans son corps ou dans sa tête, quand on ne se sent pas désirable, c’est normal de ne pas avoir de désir. D'ailleurs, les personnes ayant une maladie chronique ont 2 à 6 fois plus de difficultés sexuelles que les personnes en bonne santé de même sexe et de la même tranche d’âge.

Chez les patients qui ont une MICI, les dysfonctions sexuelles concernent 1 femme sur 2 et chez les hommes, les chiffres varient selon les études : 1/3, 1/4 ou 1/6. Globalement, les patients ont moins de désir sexuel, la satisfaction sexuelle est moins bonne, et ils ont par conséquent des rapports sexuels moins fréquents. Le symptôme qui impacte le plus la vie sexuelle des patients, c’est la fatigue ou le manque d’énergie, avant l’augmentation de la fréquence des selles et les douleurs. D’après la littérature scientifique, les patients qui ont une maladie active ont tendance à présenter plus de dysfonctions sexuelles que ceux qui sont en rémission. De même, les personnes ayant des lésions ano-périnéales (LAP) actives ont une moindre satisfaction sexuelle et une baisse de libido accrue par rapport aux personnes qui ont des LAP en rémission ou une maladie de Crohn sans LAP.

Il faut aussi savoir que les opiacés prescrits contre la douleur sont responsables d’un ralentissement du fonctionnement sexuel, avec une excitation moins facile et moins rapide. Les corticoïdes au long cours pourraient quant à eux avoir un impact sur le plaisir et l’orgasme chez les femmes et être responsables d’une baisse de désir et de troubles de l’érection chez les hommes. 💊 💉 Quant à la chirurgie pelvienne, elle peut créer des adhérences et fibroses à l’origine de douleurs lors des rapports (dyspareunies) chez les femmes, ou bien elle peut endommager des nerfs qui jouent un rôle dans l’érection et l’éjaculation chez les hommes. 10 % des hommes peuvent souffrir d'une éjaculation rétrograde post-chirurgicale, c'est-à-dire que le sperme remonte dans la vessie au lieu d'être expulsé. Quant à la fonction érectile, elle est dans la plupart des cas améliorée avec des IPDE5 (médicaments comme le Viagra) et le nerf altéré peut être récupéré avec le temps à condition d’entretenir le potentiel érectile et d'en parler rapidement avec son médecin ! Finalement, ce qui ressort des études, c’est que l’opération permet une rémission de la maladie et une accalmie des symptômes qui pouvaient avoir un impact sur la fonction sexuelle des patients, et finalement, leur qualité de vie s’en trouve améliorée, ainsi que leur libido et leur satisfaction sexuelle.🤸‍♂️👍

Au-delà des dysfonctions sexuelles, la moitié des patients considèrent que la maladie a un impact sur leur statut relationnel : chez certains, la maladie a déjà occasionné une rupture, et d’autres hésitent à commencer une nouvelle relation ou à parler de leur maladie à leur partenaire. 1 patient sur 3 dit craindre les relations sexuelles, que ce soit à cause des douleurs, la peur des fuites, des odeurs, une mauvaise image corporelle ou bien une angoisse de performance. D'ailleurs, la moitié des patients ayant une MICI souffrent d’anxiété et/ou de dépression, des facteurs psychologiques qui ne peuvent qu'aggraver la situation s'ils ne sont pas pris en charge. Un accompagnement psychologique fait gagner du temps dans l'acceptation de la maladie et du corps qui change, et permet de travailler sur l'estime de soi, essentielle pour se sentir bien dans sa tête et dans son corps, puis en relation avec l'autre ! 👩‍❤‍💋‍👨✅

Si votre sexualité est source de souffrance ou de plainte, allez voir un spécialiste qui a une formation initiale en médecine ou en psychologie, car tout commence par… oser en parler ! Le sexologue posera un diagnostic et vous proposera une prise en charge adaptée. Je suis moi-même psychologue de la santé spécialisée dans les MICI et sexologue/thérapeute de couple. 👩‍⚕‍🩺 Si vous rencontrez des difficultés, je peux vous recevoir en consultation à mon cabinet ou en visio, alors n'hésitez pas à m'envoyer un mail !
aglae.heraut@outlook.fr

Pour finir, voici mes 10 conseils pour améliorer votre qualité de vie sexuelle :

1. Hygiène de vie : arrêtez le tabac 🚭, limitez l’alcool, privilégiez une alimentation saine et variée, et pratiquez une activité sportive adaptée et régulière... Les troubles de la circulation se produisent d'abord dans les plus petits vaisseaux... ceux des organes génitaux ! Chez les hommes, une mauvaise hygiène de vie peut aboutir à des troubles de l'érection, et chez les femmes, à des problèmes de lubrification, etpar conséquent à des douleurs aggravées.

2. Réduisez la tension ⚡: votre corps et votre esprit doivent être détendus pour permettre à l'excitation sexuelle de monter. Vous pouvez pratiquer la respiration ventrale et l'expiration forcée, et apprendre à vous relaxer en utilisant une méthode psychocorporelle. Un rendez-vous chez un psychologue pour apprendre à gérer votre stress est le bienvenu !

3. Communiquez avec votre partenaire 👩‍❤‍💋‍👨: osez dire ce qui vous plaît, ce dont vous avez envie, mais aussi ce qui ne vous convient pas. C’est essentiel pour éviter le repli sur soi, sinon c’est un cercle vicieux ! Il faut oser parler de ses difficultés, de ses craintes, de ce qui met mal à l’aise, de ce qui est inconfortable ou douloureux. Osez aussi guider votre partenaire.

4. Réinventez la sexualité : elle ne se limite pas à la pénétration ! Les préliminaires, c'est avant, pendant, après... Il s'agit de réapprivoiser le désir, de retrouver les sensations de plaisir, le chemin du bien-être, le souvenir d’une sexualité épanouie... Cela doit être un moment de tendresse, de sensualité, et éventuellement de sexualité. La sexualité n'est pas la génitalité : les baisers, les caresses, les massages, c'est de la sexualité. Soyez créatifs ! 💜

5. Choisissez le bon moment : quand vous êtes détendu, moins fatigué, quand vous avez moins de douleurs...✔️

6. Adaptez les positions : celles où vous aurez moins de pression abdominale et moins de douleurs. À vous de trouver ce qui vous convient le mieux ! Il faut aussi que ce soit une position qui ne vous gêne pas et dans laquelle vous prenez du plaisir.

7. Utilisez du lubrifiant hypoallergénique 🧴 : de préférence à base de silicone car ça glisse mieux. Si vous utilisez des jouets sexuels, utilisez un lubrifiant à base d'eau. Préférez acheter votre lubrifiant en pharmacie plutôt qu'en grande surface !

8. Allez aux toilettes avant et après les rapports sexuels 🚾 : avant pour plus de confort (si vous avez une stomie, pensez à vider la poche !), et après pour éviter les infections urinaires chez les femmes. Et si vous avez envie d'aller aux toilettes pendant le rapport sexuel, allez-y ! Le but est de vous sentir confortable pour pouvoir profiter pleinement de ce moment de plaisir partagé.

9. Si vous avez un transit accéléré qui vous empêche d'être à l'aise lors des rapports sexuels par peur de l'incontinence, vous pouvez discuter avec votre médecin de la prise de ralentisseurs de transit.💊 En cas de fistule, il existe des pansements plastifiés étanches pour prévenir les fuites et les odeurs. Les relations sexuelles sont bien sûr autorisées, tant que vous en avez envie et que cela ne vous fait pas mal.

10. Améliorez votre image du corps et votre confiance en vous : le but est de vous sentir désirable. Si pour cela vous avez besoin d'utiliser du maquillage pour camoufler vos cicatrices, faites-le ! Si vous aimez porter de la lingerie, faites-le ! D'ailleurs, il existe des housses en dentelle et des gaines pour couvrir les poches de stomie. Vous pouvez les personnaliser à votre image, et les érotiser selon vos envies !

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©2018-2025, Aglaé Héraut

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